Comme chacun-e sait, rien ne fonctionne au Parlement sans majorité. Pour obtenir des résultats, il faut donc faire des compromis et forger des alliances. Au cours des trois dernières années, je me suis aguerri dans l’art de l’équilibrisme entre ce qui est souhaitable et ce qui est faisable. J’en retire trois règles d’or :

1 – Tout dépend de qui dépose l’intervention

Même si c’est agaçant, c’est souvent l’identité (politique) de la personne qui dépose l’intervention qui détermine son sort. J’en ai fait la douloureuse expérience il y a deux ans avec une proposition d’amélioration des prestations de chômage partiel pour les bas revenus, qui avait été initialement rejetée par la droite — avant d’être adoptée deux semaines plus tard sous les traits d’une intervention bourgeoise.

J’en ai tiré des leçons. Maintenant, je regarde toujours dès le début comment une intervention sera reçue et qui devrait en être l’auteur-ice. Et je suis fan des interventions multiples ! Ainsi, mon projet politique devient aussi le projet des autres. L’ego passe de la sorte à l’arrière-plan, et c’est le contenu qui est mis au centre de l’attention.

Vous voulez des exemples ? La nouvelle version de l’E-ID a été déposée en 6 exemplaires par des collègues de tous les groupes politiques. Ou encore, avec la motion quintuple pour une Banque suisse d’investissements écologiques, nous avons réussi à récolter les signatures de plus de 80 membres du Conseil National en un jour. Un autre exemple est la numérisation des appels d’urgence, que nous avons pu faire passer avec succès au Parlement grâce à un dépôt en 6 exemplaires.

2 – Il faut savoir attendre le bon moment

S’il n’y a pas de “smoking gun” — c’est-à-dire un point d’accroche avec l’actualité — il faut savoir être patient. Il y a deux ans, je me suis heurté à mes collègues de la Commission des finances avec mon idée d’une plus grande sécurité de planification des bénéfices de la Banque nationale. Mais cet automne, j’ai réussi à rallier une majorité à ma cause. Pourquoi ? La BNS doit maintenant admettre qu’elle ne pourra très probablement pas effectuer de paiement à la Confédération et aux cantons l’année prochaine, car elle s’est mise dans une situation inconfortable en raison de la convention actuelle avec la Confédération. C’était déjà clair il y a deux ans, mais nous avons désormais l’avantage d’une affaire qui rend la chose encore plus évidente.

3 – Travailler avec l’administration

Les offices fédéraux sont des alliés importants pour faire aboutir un objet. En effet, l’attitude de l’administration influence considérablement ce que le Conseil fédéral pensera d’une intervention, ce qui à son tour influence fortement l’opinion au Parlement. Il vaut donc la peine d’investir du temps dans les négociations avec les responsables, généralement très compétents, des offices fédéraux concernés. Cela demande beaucoup d’efforts et peut durer des mois. Mais cela en vaut vraiment la peine, surtout lorsqu’on essaie de faire passer des sujets sensibles comme mon postulat sur la réglementation bancaire.

Bien sûr, il faut aussi de bonnes relations, un peu de talent en matière de négociation et une dose décente de charme. Sinon, les meilleures règles ne servent à rien 😉

Une autre législature avec plaisir !

Un an avant les élections, c’est le moment de se déclarer pour la prochaine législature. Les partis désignent actuellement leurs candidat-e-s, dont les VERT-E-S. Et j’ai décidé de me présenter à nouveau au Conseil national, mais aussi au Conseil des États. Le Fribourg alémanique ainsi que les intérêts écologiques et sociaux devraient également représenter les multiples facettes du canton de Fribourg à la chambre haute!